Communiqué, Sanitaire

Conduites à tenir avec de l’amiante

Après Lubrizol

AMIANTE : Information et conseils pratiques

Une pollution bien réelle dont l’ampleur est difficile à évaluer

Le 26 septembre 2019, des morceaux de toit en fibrociment (10 % d’amiante) ont été projetés par les explosions et sont retombés jusqu’à plus de 7 km de l’usine Lubrizol.

L’évaluation de cette pollution reste à faire. L’amiante, normalement neutralisé par le ciment associé, est libéré par la fragmentation. Ses fibres sont extrêmement fines, ultra légères et incombustibles : elles sont facilement entraînées par le mouvement ascendant des gaz surchauffés d’un incendie qui peuvent les transporter sur des distances importantes avant qu’elles ne redescendent vers le sol. Ce phénomène est bien identifié par les pompiers.

À l’heure actuelle, on ne connaît pas la surface de toiture pulvérisée, ce qui permettrait d’évaluer la quantité d’amiante éjectée (1 m2 de fibrociment pèse 15 kg dont environ 1,5 kg d’amiante). Une cartographie en cours donne néanmoins une idée des secteurs touchés par les retombées de fragments de fibrociment (http://u.osmfr.org/m/381525/).

Cependant, les seules analyses d’air réalisées hors du site de l’usine le 30/09, rendues publiques par la préfecture, sont en dehors de ces zones.

Des fibres générant des problèmes de santé

Les problèmes de santé générés par l’exposition à l’amiante ont été largement médiatisés depuis 20 ans. Rappelons simplement que l’amiante est un cancérogène sans seuil : il n’existe pas de niveau d’empoussièrement au-dessous duquel on peut garantir une absence totale de risque.

Comment identifier les fragments amiantés ?

Vous habitez dans un secteur où des fragments de fibrociment ont été découverts (voir la carte http://u.osmfr.org/m/381525/). Ce sont de fines plaquettes blanches, grises ou noires, à la surface fibreuse, ressemblant à des morceaux de crépi. Vous ne les avez peut-être pas identifiés. Dans le doute, vous pouvez envoyer des photos à : echanges.lubrizol2019@free.fr
D’autres fragments observés, toiles tissées, touffes de fibres etc. ne contiennent pas toujours de l’amiante.

Quelles analyses ?

Une fibre d’amiante étant 400 fois plus fine qu’un cheveu, il est impossible de l’observer à l’œil nu. Les analyses de matériaux et/ou de lingettes se font donc par Microscopie Electronique à Transmission (MET). Du point de vue réglementaire, c’est la seule et unique méthode incontestable pour prouver la présence d’amiante. Elle permet de déterminer le nombre de fibres et leur famille d’appartenance. Les analyses doivent être faites par un laboratoire accrédité COFRAC, ce qui assure qu’il respecte les normes en vigueur.

– L’analyse de fragments de toiture permet de confirmer qu’il s’agit bien de fibrociment contenant de l’amiante.

– L’analyse de poussières prélevées sur des lingettes donne une indication sur la présence ou l’absence de fibres longues.

– L’analyse de prélèvements d’air n’est valable que si les pompes à air aspirent durant au moins 4 heures, par temps sec, avec un vent de faible puissance et une variation de sens limitée dans un certain cône angulaire. Seules les fibres longues sont quantifiées.
La concentration actuellement requise pour mettre en place le désamiantage d’un bâtiment est plus de 5 fibre/L d’air, ce qui correspondait dans les années 1970 au « bruit de fond » mesuré en milieu urbain. Depuis les années 2010, ce « bruit » est passé à 0,08 fibres/L.

Comment appliquer le principe de précaution ?

Les conseils qui suivent ne permettent pas de supprimer tous les risques de propagation et d’inhalation d’amiante mais de les diminuer. Ils s’appuient en particulier sur le fait que les fibres mouillées sont plaquées au sol et moins susceptibles d’être inhalées. L’application de ces mesures simples contribuera à mieux préserver votre famille et vos voisins.

À l’extérieur

Ramassage des fragments de fibrociment : par vous-même, avec gants jetables et masque FFP3, après une pluie, dans un contenant hermétique (bocal, boite en plastique, deux sacs en plastiques) stocké ensuite à l’extérieur de l’habitation ; par l’entreprise SUI payée par Lubrizol (06 76 19 93 46) ; ne pas jeter à la poubelle (SUI passe prendre vos ramassages si nécessaire).

Soyez vigilants : certains fragments ont été découverts en hauteur dans des buissons ou des arbustes, d’autres étaient dissimulés par la végétation.

Travaux de jardin après enlèvement des fragments visibles : passer la tondeuse ou tailler les haies immédiatement après de fortes pluies ; éviter le débroussailleur, le taille-haie et les soufflantes à feuilles qui peuvent pulvériser des fragments oubliés ; enlever manuellement un maximum de végétation.

Toitures, gouttières, citernes : voir avec votre assurance.

Dans la maison

Si vous ne vous déchaussez pas à l’entrée ou si vous avez des animaux familiers qui entrent et sortent sans essuyer leurs pattes, vous pouvez effectuer une petite décontamination préalable :
– sans passer l’aspirateur, lavez vos sols à l’eau avec une serpillière que vous jetterez.
– changez votre sac d’aspirateur.

Puis : retirez vos chaussures avant de rentrer, essuyez les pattes de vos animaux quand ils rentrent.

Pour plus d’information

https://adeva-76.fr/ADEVA76_WEB/FR/index.awp
https://www.respire-asso.org/rouen-respire-collectif-citoyen/
https://www.anses.fr/fr/content/l%E2%80%99amiante

Rédaction : Florence Carré et Thierry Leboucher (habitants du quartier Saint-Gervais, membres de Rouen Respire), Thierry Guyader (ADEVA 76 : association de défense des victimes de l’amiante) et Christophe AUDOUARD (gérant du laboratoire AN DIAG)